Connexion féminine

 

J’ai mesuré l’ampleur de la déconnexion féminine seulement après mon premier accouchement. Comme si je n’avais pas su qu’une force sauvage faisait partie de mon être. Je n’y avais jamais eu accès. Pourquoi? Cette force intime, subtile, fugitive, avait été boudée, ignorée depuis si longtemps. Depuis l’époque de la chasse aux sorcières, on s’était fait un devoir de la mettre au rancart pour se protéger. Fait longtemps. J’ai senti son appel au fil du temps, sans vraiment comprendre de quoi il s’agissait. Et puis ça m’a frappé, comme quand le dernier morceau de casse-tête s’insère de façon parfaite, et que tu vois finalement le dessin qui fait du sens.

 

C’était plus fort que moi, mon intuition et mon corps m’ont poussé vers le domaine de la santé alternative à la fin de la vingtaine. À force de côtoyer des femmes dans ma pratique, j’ai constaté l’étendue des dégâts. Au fil du temps, on a perdu nos repères. Notre sagesse intérieure s’est égarée, et a été relayée au rang des recettes de grand-mères. On préconise que les femmes ont une responsabilité au sein de la famille pour soigner, chouchouter, nourrir… Mais je ressentais toujours un genre de malaise en l’affirmant. Je me disais, il me semble que je suis féministe… Quelque chose était brisé entre ma réflexion et la réalité. Je voyais bien que les femmes ne se faisaient plus totalement confiance, et que cela nuisait complètement à notre prise en charge personnelle et familiale de la santé.

 

Afin de ramener l’équilibre, nous avons donc le devoir de réveiller cette force inexplicable qui nous habite. Cette initiée, cette déesse, cette guérisseuse intérieure qui est souvent prise à tort pour un tempérament débridé sert effectivement à quelque chose. Je ne devais pas être la seule à sentir cette urgence de connexion aux éléments, ces rêves remplis de messages, ces pressentiments réalisés, ces intuitions inexplicables.

 

Cette force vitale est bien là, réelle. Elle est présente dans chacune de nos cellules. Elle vibre, nous fait danser, chercher les yeux de nos sœurs et les reconnaitre parmi la foule. Elle nous fait boire des infusions, aller dans les bois, revenir à la source pour nous soigner. Creuser le problème lorsqu’on en a un, et relever tous les défis pour le régler. Elle nous fait pousser un être humain de 8 livres à travers l’univers. Elle nous fait réaliser des exploits que nuls ne croirait possible.

 

Si vous la sentez en lisant ces mots, c’est qu’il est temps. C’est le moment de lui laisser plus d’espace, de la célébrer. Le monde a besoin cette amplitude, de cette fougue sauvage pour retrouver un peu de sérénité et de gros bon sens. Cheers à la femme brute et indomptée qui sommeille en vous!

Lyson